Schubert – Intégrale des Cycles et Lieder

Voici un demi-siècle que le timbre du baryton allemand, reconnaissable entre tous, domine la scène internationale, référence aussi bien à l’opéra que dans le répertoire du lied. Dietrich Fischer-Dieskau est l’un des rares chanteurs à avoir donné autant de créations musicales – il avoue avoir chanté plus de 3 0000 mélodies – tout en ayant fixé l’exigence de standards internationaux en la matière. Son intégrale Schubert reste un monument, peut-être le premier à acquérir pour découvrir, sur une île déserte, le génie protéiforme de Schubert. Car c’est avec ce compositeur que naît réellement l’art du lied. À chaque fois que l’on puise dans les centaines de partitions qui regroupent autant de poètes, la perception de Fischer-Dieskau nous surprend par la pureté de l’intonation, l’équilibre idéal de la phrase. Chaque strophe est portée par une réflexion, un travail purement littéraire, comme mis dans un écrin sonore. L’intelligence et l’expressivité se fondent pour offrir des éclairages intemporels. Il est vrai qu’il a débuté sa carrière musicale en 1947 dans le Voyage d’hiver de Schubert ! Comment oublier la présence écrasante, presque physique du chanteur pour retrouver l’esprit de Schubert, ce mélange de solitude et d’enthousiasme, de dépression et de raffinement. Un immense monologue mis en musique dans une superbe stéréo. Un incunable de l’histoire du disque. –Étienne Bertoli